Jane Poupelet (1874-1932)

Jane Poupelet a sa place aux côtés d’autres femmes artistes, en particulier de Camille Claudel à qui elle ressemble par sa grande indépendance et sa force de caractère. Première femme admise à l’École des beaux-arts et des arts décoratifs de Bordeaux, elle rencontre le sculpteur Lucien Schnegg en 1900 et intègre la « bande à Schnegg », dont elle est la seule femme. Elle fréquente les cercles autour de Bourdelle et de Rodin, côtoie aussi des artistes américaines et les groupes féministes anglo-saxons. Son action durant la Grande Guerre lui vaut la Légion d’honneur en 1928.

Jane Poupelet par Lucien Schnegg
Jane Poupelet par Lucien Schnegg

Lucien Schnegg, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons


Le château de Clauzure, près St-Paul-Lizonne. Fonds Nedellec 60 Fi 9102
Le château de Clauzure, près St-Paul-Lizonne. Fonds Nedellec 60 Fi 9102

Marie Marcelle Jane Poupelet naît en 1874, à Saint-Paul-Lizonne, dans une famille maternelle issue de notaires royaux et de marchands papetiers ou tanneurs ; son père, ancien sous-préfet de Ruffec, est avocat de formation. Il est inscrit au barreau de Bordeaux, où sa famille de quatre enfants le suit en 1882.

Elle partage ses jeunes années entre la « grand’ville » et le village de Clauzure à Saint-Paul, affirmant très jeune une vocation pour la sculpture. En 1909, malgré la misogynie ambiante elle est admise à la Société nationale des Beaux-arts.

acte de naissance de Jane Poupelet. 5 E 479-10
acte de naissance de Jane Poupelet. 5 E 479-10

De son enfance campagnarde, elle a gardé l'amour des animaux de ferme qu'elle représente dans un style d'une grande pureté. Lors d'un voyage autour du bassin méditerranéen, en 1904-1905, elle fait la découverte de la statuaire antique et des bronzes pompéiens, source de ses nus au modelé souple et synthétique. Ses séjours campagnards en Périgord lui inspirent les deux œuvres exposées au Musée de de la ville de Périgueux, « Départ aux champs » et l’émouvant « Enterrement d’un enfant en Périgord ». A Saint-Paul, on évoque « Mademoiselle Poupelet », avec sa cigarette et sa grande blouse grise, qui après un repas frugal d’un œuf sur le plat, patiente de longues heures avant que ses sujets à quatre pattes soient disposés à prendre la pose souhaitée et surtout à la garder.

Chat endormi. Cleveland museum of art
Chat endormi. Cleveland museum of art

Cleveland Museum of Art, CC0, via Wikimedia Commons


Pendant la Grande Guerre Jane Poupelet délaisse son art et s’investit dans la création de poupées et de jouets en bois peints vendus au profit des sinistrés. A partir de 1918, elle modèle des masques pour les mutilés de la face dans un service de la Croix-Rouge américaine, avec Anna Ladd. Sa conduite lui vaut la Légion d’honneur en 1928. 

"Dans une correspondance datée de 1920, Jane Poupelet confessa « qu’après avoir vu tant de douleurs », jamais plus elle ne sculpterait comme avant. Effectivement, par la suite, elle mit davantage en avant le dessin et la sculpture animalière." (Alain Leprince, Jane Poupelet au service des « Gueules cassées » de la Grande Guerre 1914-1918, Musée de la piscine - Roubaix)


Vice-présidente du Salon des indépendants, elle a encouragé de nombreux artistes comme Mateo Hernandez, Aristide Maillol ou René Iché. Grande fumeuse (le sacristain de Saint-Paul-Lizonne où elle est inhumé notera "cancer des fumeurs" sur son carnet) Jane Poupelet meurt à Talence le 17 octobre 1932.


Vous pouvez retrouver Jane Poupelet, ainsi que d'autres femmes de Dordogne, anonymes le plus souvent, célèbres pour quelques-unes, dans l'exposition Femmes de Dordogne, retour aux sources, ainsi que dans le catalogue Femmes de Dordogne, Art, histoire et Société

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